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DE L'ESQUISSE A LA PEINTURE ...

Publié le par JM LETZ

DE L'ESQUISSE A LA PEINTURE ...

Quand un sujet en peinture comporte de nombreux détails, un tracé précis est nécessaire. Mais une difficulté apparaît lorsqu’on veut passer de cette esquisse préparatoire à la mise en peinture : la peur de perdre le tracé. Alors on pose des couleurs autour du tracé, ce qui donne de mauvais résultats. La perte du tracé compliquant le travail, je vous propose une démarche pour progresser et éviter cet écueil.

Deux démarches vous sont proposées, l’une en peinture acrylique, l’autre pour la peinture à l’huile.

1ère étape : l’esquisse : Réalisez une esquisse précise en passant des contours aux formes, puis aux détails puis délimitez en hachurant très légèrement les parties ombrées.
- Avec de la peinture acrylique : le tracé de l’esquisse sera à réaliser avec un crayon « aquarellable » en harmonie avec la couleur prédominante du sujet. N’oubliez pas que vous pourrez par la suite continuer et terminer avec de la peinture à l’huile.
- Avec de la peinture à l’huile : le tracé de l’esquisse sera réalisé par l’intermédiaire d’un pastel gras.

2ème étape : fixez l’esquisse : Pour cela, les contours et détails doivent être repassés avec un pinceau fin chargé d’eau et d’un peu de peinture acrylique pour le crayon « aquarellable ». Pour fixer le pastel gras il suffira de repasser sur le tracé avec un pinceau chargé d’essence de térébenthine et éventuellement d’un peu de couleur.

3ème étape : les premières couleurs : A partir de là, il est important d’utiliser des couleurs transparentes travaillées en glacis. Cela permet de garder l’esquisse visible assez longtemps dans le processus.
- Pour les premières couleurs acryliques :
mélangez environ 1 volume de peinture pour 2 volumes d’eau.
- Pour les premières couleurs à l’huile :
mélangez 1 volume de peinture + 1 volume d’essence de térébenthine +1 volume de siccatif afin d’accélérer le « séchage ». Posez ces couleurs de fond en aplats sans trop rechercher les détails, en somme faire du coloriage. Elles seront assez proches des couleurs finales ou couleurs dominantes.


A la fin du stade couleurs acryliques, vous pouvez soit continuer l’ensemble du sujet en acrylique soit terminer avec de la peinture à l’huile. Le travail gras sur maigre est autorisé, le contraire NON.

4ème étape : la mise en peinture : A partir de votre dessin coloré, posez des couleurs plus épaisses, avec moins d’eau en acrylique , et un mélange de couleur + médium en peinture à l’huile. Travaillez les différentes teintes sur l’ensemble du sujet.
Ombres : Passez ensuite aux ombres en ajoutant à la couleur posée, un mélange de cette couleur + sa couleur complémentaire + un peu de bleu (plus ou moins foncé selon le contraste souhaité). Peignez l’ombre du clair vers le sombre.
A ce stade, il faut opacifier les couleurs pour « noyer » et faire disparaître l’esquisse initiale.
Lumière : Pour terminer, donnez du volume au sujet en rehaussant les parties éclairées. La lumière sera un mélange de blanc + un peu de jaune … évitez le blanc pur. Dégradez du très clair vers le moins clair. Plus ce dégradé sera bien réalisé, plus le volume sera présent.

Pour la peinture à l’huile, vous pouvez éventuellement terminer par un glacis général avec une couleur transparente diluée au médium. Ce travail aura pour but d’unifier l’ensemble du tableau.

La peinture est avant tout l’art de la couleur …
mais la forme doit la soutenir.


AUTRES TECHNIQUES ...

Fonds colorés : Un fond blanc ne permet pas de juger correctement les couleurs et leurs associations. Aussi, un fond coloré, neutre à dominante brun ou de la teinte générale du sujet, voir en contraste, mais toujours plus clair que le résultat final désiré, sera posé de façon opaque ou légèrement transparent. Il sera exécuté à l’aide d’une couleur à l’huile diluée à l’essence de térébenthine ou éventuellement de la couleur acrylique. On peut conserver des traces de ce fond à différents endroits dans le tableau fini, permettant ainsi, d’unifier l’équilibre du tableau.

Palette limitée : Pour bien débuter, une gamme de couleurs limitée évite les discordances. Selon le sujet, privilégiez des couleurs chaudes ou froides pour mieux rendre l’atmosphère générale.

Gras sur maigre : Commencez par peindre avec des couleurs maigres, diluées à l’essence de térébenthine. Passez ensuite à des couleurs contenant plus d’huile ou de médium à peindre. Cette pratique évite les craquelures lors du « séchage » de la peinture. Il convient de rappeler ici que la peinture à l’huile ne sèche pas, mais durcit au contact de l’oxygène et surtout de la lumière. Du siccatif ajouté au moment de la pose de la peinture accélère ce durcissement. Pour un durcissement complet il faut compter entre 6 et 12 mois selon l’épaisseur et la couleur employée. Pour éviter le mélange des couleurs lorsqu’on les superpose, même si leurs surfaces semblent dures, passez préalablement un vernis à retoucher qui formera une couche étanche et empêchera la migration des pigments sous-jacents.

Mouillé sur mouillé : Ce procédé, application des couleurs les une sur les autres, permet d’opérer un mélange de couleurs directement sur le support pour obtenir différentes tonalités. Les couleurs seront plus adoucies. Mais attention, à trop pratiquer cette technique, la peinture devient moins lisible.

Sur sec : Cette technique permet de mieux contrôler la pose de la couleur. Ce procédé est nécessaire et mis en œuvre dans la méthode du glacis (voir cette définition).
Rappel : Le temps de séchage, plus ou moins long, dépend de la couleur utilisée, de l’épaisseur et de la quantité d’huile ou de médiums utilisés. Pour un avancement plus rapide, le passage d’un vernis à retoucher est nécessaire.

Brosse sèche : Dans le même registre que la peinture sur sec, la technique de la brosse sèche donne des résultats intéressants. Pour ce faire, appliquez à l’aide d’une brosse sèche un minimum de couleur très peu diluée qui ne couvrira que partiellement la couche inférieure. Ce procédé permet surtout de bien évoquer des structures ou textures particulières : lainage, herbes, écorce d’arbre etc.

Alla prima : Ce terme originaire d’Italie signifie « d’abord au début ». Cette méthode, grâce à un avancement rapide du travail, permet de garder beaucoup de fraîcheur et de spontanéité dans la peinture. Par contre elle nécessite un bon coup de main, chaque pose de couleur devant être la solution visible au final.

Fondu : Aussi appelé « sfumato » (fumée en italien), ce procédé permet de joindre deux couleurs sans avoir de limite nette de démarcation. Le frottement à l’aide des doigts est souvent utilisé, des couleurs assez proches sont néanmoins conseillées pour ne pas donner une zone ou apparaît une troisième couleur. Le fondu au pinceau peut nécessiter la pose d’une couleur intermédiaire avant un zigzag opérer par l’intermédiaire d’un pinceau propre. Les couleurs sont « tirées » les unes dans les autres.

Superposition de couches : On commence par les grandes masses sur des zones de couleurs définies. Ce n’est que par la suite que sont apportés les détails. Pendant l’avancement, il est important de travailler sur l’ensemble du tableau afin d’obtenir une bonne uniformité et des tons corrects les uns par rapport aux autres.

Facture : Cette dénomination signifie ici marques. Selon sa sensibilité et son style de peinture, on laisse plus ou moins de marques des coups de pinceaux. C’est en somme, son style d’écriture en peinture. Cette facture permet aussi de mieux décrire, grâce aux textures, certains éléments de la composition. L’emploi de différents pinceaux est nécessaire. Lorsque la peinture est assez épaisse, le rendu est d’autant mieux perçu.

Adoucir : Principalement utilisé dans la perspective atmosphérique pour un rendu doux de l’arrière plan. Ce procédé s’apparente à la technique du fondu et peut être effectué par l’intermédiaire d’un pinceau, des doigts, voir même d’un couteau/spatule.

Contours : Le tracé initial est laissé apparent et souligne les différentes formes. La couleur de ce tracé est primordiale et doit être de ton plutôt foncé en harmonie ou en contraste avec la représentation.

Glacis : Pour réaliser un glacis il convient d’utiliser de préférence les couleurs transparentes. Les principales couleurs transparentes sont :
- dans les rouges, les laques de garance, le carlin d’alizarine, le rouge vif et grenat
- dans les tons violets, le violet permanent, violet bleuté, violet d’Égypte
- dans les tons bleus, outremer foncé et clair, bleu de Prusse, indien, hortensia, Hoggar, touareg, saphir
- dans les tons verts, Armor, anglais, olive, vessie
- dans les tons oranges, indien, orange de mars
- dans les tons jaunes, indien, ocre jaune.
Celles-ci sont posées en fine couche, donc diluées avec du médium, sur une peinture sèche. Il existe même un médium spécial à glacis. Ces couleurs posées change l’aspect des couleurs de fond, mais donnent surtout de la profondeur à la peinture. Le glacis permet aussi d’unifier l’ensemble du tableau.

Empâtement : Utiliser pour donner et définir la texture du sujet, l’empâtement est réalisé par l’intermédiaire d’une couche de peinture épaisse posée au pinceau ou au couteau/spatule, voir même directement appliquée avec le tube. Des médiums spéciaux facilitent ces empâtements, nécessitant ainsi moins de peinture et accélérant le temps de séchage, souvent long dans ces cas. Il faut noter que cet ajout de médiums spéciaux foncera légèrement la couleur lors du séchage.

Structures et textures : L’application d’une peinture épaisse permet déjà de donner de la texture au tableau. Pour obtenir des textures plus présentes et réalistes, on peut aussi ajouter à la peinture une matière qui peut être du sable, du plâtre, des copeaux de bois ou pâte à modeler avec structures. Il convient d’employer ces matières à bon escient en fonction du sujet représenté.

Au couteau : voir aussi article suivant plus détaillé
L’utilisation de couteaux à peindre donne un résultat différent par rapport aux pinceaux. On obtiendra une surface de peinture beaucoup plus lisse. L’application d’une peinture épaisse permet aussi de laisser des traces variées selon la direction de la pose, la pression effectuée et le couteau employé. Pour évitez les craquelures lors du séchage, ne mettez pas des couches trop épaisses.

A l’éponge : L’éponge permet de donner une texture rugueuse très différente du pinceau. Les effets sont aussi fonction de la texture plus ou moins fine de l’éponge. Surtout utilisée pour peindre les feuillages, l’éponge permet de mieux garder le fond grâce à une application sans pression.

Par frottis : Pour effectuer ce frottis, on applique une couche de peinture sur un fond sec. Le frottis avec un pinceau, un doigt ou un chiffon, laisse une fine couche de couleur pour entrevoir la sous-couche. La pose d’une couleur claire sur un ton plus foncé donne les meilleurs résultats. Une texture de toile grossière augmente encore les effets recherchés par ce procédé.

Sgraffite : Qui veut dire gratter en italien. Cette technique consiste à tracer des dessins en rayant la peinture. La couleur de fond est alors visible. Un dessin précis, comportant des détails très fins, peut donc être effectué à l’aide de différents objets plus ou moins pointus. Ce dessin est aussi fonction de l’épaisseur de la peinture posée. Le plus bel effet portera sur une différence de couleur du fond et celle posée.

Empreintes : On applique différents objets dans la peinture épaisse mais encore fraîche. Surtout utilisées dans des peintures « modernes », les empreintes permettent toutes sortes de fantaisies. Exemple d’objets utilisés : bouchon, fourchette, lame de scie, éponge rectangulaire, coque de noix, petit grillage, etc.

Masquage : Pour obtenir une limite nette et parfaite, souvent des démarcations en ligne droite, on recouvre une partie de la peinture à l’aide d’un ruban à masquer avant de passer une nouvelle couche de peinture. Ce ruban peut aussi être un carton découpé fixé provisoirement. Pour éviter que la peinture ne coule sous le masquage, l’emploi d’une peinture épaisse est conseillé. Ce masquage est aussi utilisé lorsqu’on projette des gouttelettes de peinture à un endroit précis du tableau.

Pointillisme : Pour que les effets soient probants, il faut que les couleurs ne varient pas trop dans leur ton. Ces couleurs seront posées avec le pinceau tenu, de préférence, perpendiculairement au support. Il faut éviter qu’elles ne se mélangent.

RECTIFICATIONS … mais techniques quand même :

Grattage : cette opération de rectification, plutôt qu’un enlèvement de peinture avec un chiffon, est réalisée à l’aide du tranchant d’un couteau à peindre. Cette technique permettant de rendre des effets vaporeux et transparent est donc aussi une technique de peinture.

Tonking : technique appelé ainsi par Henry TONKS, professeur de peinture. Ce procédé est utilisé lorsque la peinture posée est trop épaisse, mais encore fraîche. On recouvre d’une feuille de papier absorbant la zone surchargée. Ce papier, frotté délicatement pour adhérer à la peinture, est enlevé avec précaution. Un aspect plus doux est alors obtenu, les détails étant souvent éliminés.

Techniques mixtes : il est évident que toutes les techniques décrites ci-dessus peuvent être mises en œuvre. Néanmoins, pour garder une bonne lisibilité, il convient de ne pas multiplier toutes ces possibilités.

 

 

 

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