AVANTAGES ET INCONVENIENTS DES PRODUITS UTILISES
Pour commencer ... PETITE HISTOIRE DES COULEURS
Quand on parle de découverte des couleurs, il conviendrait plutôt de dire « pigments ». En effet, quel que soit la technique utilisée, huile, aquarelle ou autre, c’est le même pigment de base qui est mélangé à d’autres produits pour obtenir la couleur. Ces produits ajoutés, médium ou pâte, ont pour but de lier les pigments en évitant qu’ils s’agglutinent. Puis, le mélange déposé sur un support, le médium fixe les pigments en les modifiant physiquement.
Néanmoins, les premières couleurs originales utilisées 25 millénaires avant notre ère par les hommes préhistoriques, sont des produits sans adjonction. Les pigments était utilisés tel quel. Il s’agit du bois carbonisé, de la craie blanche ou les différentes terres, ocre ou terre brulée.
La palette a commencé à évoluer vers l’âge du bronze entre 2000 et 1000 av J.-C. Ce sont les Egyptiens qui ont utilisé la malachite (vert), l’orpiment (jaune), l’azurite (bleu), le réalgar (orange) et le cinabre (rouge).
Ils ont également inventé le blanc de plomb ou « céruse de plomb » (inconvénient sa toxicité) encore employée aujourd’hui. Les autres blancs utilisés maintenant ont été découvert bien plus tard, en 1830 pour le blanc de zinc, et 1915 pour le blanc de titane.
Les Romains ont ajouté à cette palette, le pourpre de Tyr et le vert de gris obtenu par oxydation du cuivre.
Les Arabes ont découvert au début du XIII siècle le lapis-lazuli, (couleur se rapprochant du bleu outremer) obtenu à partir du broyage d’une pierre semi-précieuse.
La palette ne varie guère jusqu’en 1350, date à laquelle apparaissent des nouveaux pigments grâce aux progrès de la chimie : la garance, le jaune de plomb, l’outremer et le vermillon. Ce sont les Arabes qui par transformation (sublimation du soufre et du mercure) sont arrivés à produire un vermillon plus brillant que le cinabre.
Plus récemment, d’autres couleurs sont venues enrichir la palette
- en 1704 le bleu de Prusse grâce à la teinturerie,
- en 1750 le jaune de Naples
- en 1802 le bleu de cobalt
- en 1817 le jaune de cadmium, puis en 1820 le jaune de chrome
- en 1828 le bleu Outremer synthétique (remplaçant le lapis-lazuli) découvert par un Français Guimet
- en 1830 le blanc de zinc
- en 1861 le jaune de cobalt. Ces jaunes et bleus mélangés donnent aussi naissance à toute une gamme de vert.
- en 1910 le rouge de cadmium
- en 1915 le blanc de titane.
A noter que les couleurs étaient conservées dans des récipients divers (par exemple vessie de porc) car ce n’est qu’en 1850 qu’apparaissent les couleurs préparées en tubes.
Le tube souple compactable était fermé hermétiquement à l’aide d’une pince. L’enveloppe était constituée par une feuille d'étain. Ce tube a été inventé par le peintre américain John GOFFE RAND. Cet emballage, rapidement commercialisé par WINSOR&NEWTON a permis aux peintres de transporter ces tubes de couleurs déjà préparées. Vers 1860, la maison LEFRANC a commercialisé le produit en France en modifiant et en améliorant la fermeture par un bouchon à pas de vis.
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DES DIFFÉRENTS PRODUITS UTILISES
Vous trouverez ci-après des tableaux récapitulatifs concernant les avantages et inconvénients des différents produits utilisés en peinture à l'huile :
- les couleurs et apprêts
- les liants (huile, essence, siccatif, médiums)
- les vernis à retoucher et définitifs.
Pour certains produits, figurent également, matière et composition. Ces caractéristiques sont interressantes, voir indispensable, lorsque vous voulez par exemple, enlevez un vernis pour opérer une retouche sur un tableau.
Tout d'abord ... les couleurs et apprêts :
LES COULEURS |
AVANTAGES |
INCONVENIENTS |
BLANC DE TITANE |
Légèrement bleuté. Très bonne stabilité |
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BLANC DE ZINC |
A utiliser en surtout pour peindre : brume, fumée, opalescences, frottis. |
Blanc froid Moins opaque que titane |
NOIR IVOIRE |
Noir chaud à utiliser en couche fine |
Peu siccatif |
NOIR DE MARS |
Très siccatif. Pouvoir colorant puissant et bonne opacité |
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NOIR DE PECHE |
Noir chaud |
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LES JAUNE DE CHROME |
Bonne opacité et bon pouvoir colorant |
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LES CADMIUMS |
Très bon pouvoir colorant et couvrant. Solidité à la lumière et teintes très vivaces |
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LES AZOIQUES |
Pigments semi transparents mais stable à la lumière. Concernent une grande partie des jaunes, les rouges qui tirent vers le vermillon et les verts clairs. |
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LES OXYDES |
Pigments semi opaques. Concernent les ocres jaunes et l’ocre rouge = le plus opaque de tous les pigments |
Teintes ternes à utiliser pour tout mélange sourd |
LES QUINACRIDONES |
Très stable à la lumière avec un pouvoir colorant extra. Concernent les pigments du rouge au violet (les rouges tirent dans le carmin et garance). |
Semi transparent |
LES PHTALOCYANINES |
Transparents, très colorant et stable avec tous les autres pigments. Concernent beaucoup de bleu et les verts dans le foncé |
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LES COBALTS |
Compatible dans le mélange avec tous les autres pigments |
« Sèchent » très lentement. Pouvoir colorant et couvrant assez faible |
LES APPRETS |
Pour la préparation des supports : toile, cartons, contre-plaqué, isorel. Cette couche blanche est isolante et l’encollage aqueux évite à la toile la brûlure de l’huile siccative |
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- Encollage à la colle de peau - Apprêt blanc pour fonds - Encollage universel - Enduit universel |
Préparation grasse à appliquer au couteau, ensuite posez l’apprêt
Universel : convient pour huile, acrylique ou vinylique. Pour obtenir une surface très lisse, il faut unifier la dernière couche avec une éponge légèrement humide |
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CONSEILS PRATIQUES DE NETTOYAGE : Pour nettoyer les brosses, évitez la térébenthine et utilisez essence de pétrole ou du withe-spirith, puis bien rincer au savon. |
Ensuite, les différents liants :
HUILES / ESSENCE |
AVANTAGES |
INCONVENIENTS |
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HUILE
Une huile ne sèche pas, elle siccative en captant l’oxygène |
de LIN CLARIFIEE |
La plus siccative et la plus résistante |
Tendance à jaunir |
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de LIN DECOLOREE |
Assez siccative |
Légèrement jaunissant |
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de LIN POLYMERISEE |
Onctueuse avec bonne siccativité. Aide la touche à se lisser et à se tendre |
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NOIRE (de NOIX) |
La plus sûre des siccatifs, produit utilisé par les anciens maîtres. A utiliser pour ébaucher une toile en la diluant avec 2 ou 3 volumes d’essence de térébenthine. Permet, dès le lendemain la reprise sans risque de détrempe de la couche inférieure. |
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d’OEILLETTE |
Moins siccative que l’huile de lin. Ne jaunit pas |
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ESSENTIELLE DE PETROLE |
Est plus proche d’une essence que de l’huile. Onctueuse, ne laisse aucune trace après évaporation. En gardant la fraîcheur, elle permet de mieux travailler dans le frais. Favorise la matité Excellent pour nettoyer les brosses parce qu’elle ne dessèche pas et ne gomme pas comme la térébenthine |
En dilution excessive elle rend la couleur fragile. |
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ESSENCE |
de THEREBENTHINE RECTIFIEE |
Essence végétale très volatile, obtenue à partir de la gemme produite par le pin maritime. A employer pour ébaucher l’oeuvre |
Déclenche une allergie pour certaines personnes. Essence qui se résinifie au contact de l’air en s’oxydant. Il faut donc vider et nettoyer les godets après chaque travail. |
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d’ASPIC |
Obtenue par distillation de la lavande mâle. Moins volatile que térébenthine mais très solvant |
- idem - |
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de PETROLE |
A utiliser pour tous ceux qui sont allergiques à la térébenthine. Spécialement distillée pour la peinture à l’huile. Pratiquement inodore, elle s’évapore complètement. Traverse les couleurs en profondeur. |
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LES SICCATIFS |
A utiliser avec prudence. A doser judicieusement avec les couleurs qui siccativent mal : surtout noir d’ivoire, noir de carbone, vermillon, outremer. Malaxer au couteau 2 à 3 gouttes pour 1 noix de couleur non siccative. |
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SICCATIF |
COURTRAI BRUN |
Le plus puissant de tous les siccatifs. Agit en profondeur. |
Léger jaunissement |
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COURTRAI BLANC |
Moins siccatif mais ne jaunit pas. A utiliser avec blanc de titane et zinc et certains bleus. |
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Puis les médiums :
MEDIUMS |
AVANTAGES et EMPLOI |
COMPOSITION |
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MEDIUMS LIQUIDES |
SICCATIF FLAMAND |
Avive les couleurs. Recommandé pour les couleurs foncées. Pour vitrifier les particules de pigments dans la masse résineuse. |
Résine copal + huile de lin + térébenthine |
SICCATIF DE HARLEM DURORIEZ |
Séchage plus lent. A utiliser avec les couleurs claires |
Résine formo-phénolique + huile de lin + ess. pétrole |
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à l’ŒUF Xavier de LANGLAIS |
Recette ancienne avec grande finesse. Mise en œuvre délicate. A mélanger à l’essence pour augmenter l’onctuosité, accélérer la prise et permettre superposition UTILISATION : - pour aspect brillant, 4 à 5 gouttes de médium pour 1 noix de couleur, - pour aspect mat, 8 à 10 gouttes pour 1 noix couleur + térébenthine rectifiée. |
Emulsion huile + œuf + eau. Evite le jaunissement |
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à PEINDRE INCOLORE |
A utiliser pour glacis. Grande rapidité de prise, plus résistant que la plus part des vernis. Bonne qualité d’éclat et de profondeur. Utilisé pur ou en coupage : ½ médium + ½ aspic |
Résine cétonique + huile de lin + térébenthine |
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VERNIS à PEINDRE |
Son onctuosité permet de travailler assez longuement. Donne un aspect final satiné. Pour reprendre une vieille peinture : diluez fortement avec de l’essence de pétrole et humectez la surface. Joue alors le rôle d’un vernis à retoucher |
Résine cétonique et acrylique + oeillette + essence pétrole |
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MEDIUMS en PATE |
MEDIUM FLAMAND * |
Excellent pour superposition et glacis grâce à sa bonne transparence. Peut être dilué avec maximum 2 parties térébenthine pour 1 médium. Prise assez rapide |
Résine mastic + huile + chaux + litharge |
MEDIUM VENITIEN |
Plus mat que le Flamand, sa prise accélérée facilite la superposition. Grande souplesse d’emploi. Peut être dilué : 1 partie térébenthine pour 3 médiums |
Huile cuite + chaux + cire + litharge |
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MEDIUM SICCATIF |
Pâte pour accélérer la prise. Peut être dilué : 1/3 médium + 2/3 pâte permet d’augmenter brillance |
Siccatif + térébenthine + huile lin + résine cétonique |
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MEDIUM LAQUE |
Recommandé pour glacis. Produit de finition qui donne une surface lisse et transparente. Permet des fondus vaporeux. |
Standolie forte (huile de lin polymérisée) |
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MEDIUM CRISTAL |
Garde à la pâte la touche désirée en lui donnant transparence. Pour épaisseur réduite |
Huile d’oeillette + silice colloïdale |
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VERNIS GEL à PEINDRE * |
Très siccatif, assouplit la matière et favorise la superposition dans le frais. Idéal pour les glacis |
Résine mastic + huile noire + térébenthine |
Et pour terminer les vernis :
VERNIS |
AVANTAGES et EMPLOI |
COMPOSITION |
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VERNIS à RETOUCHER |
J.G. VIBERT |
Lie les couches picturales. Ce médium est à utiliser en 1ère couche si on applique un vernis définitif mat |
Résine acrylique et cétonique + essence de pétrole |
SURFIN |
Incolore et ne jaunit pas en vieillissant. Pour le diluer, utilisez térébenthine. |
Résine acrylique + essence de pétrole |
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ISOLANT |
Isolant brillant qui peut être utilisé pour la peinture à l’huile, l’aquarelle et la gouache, Ce médium est à utiliser en 1ère couche si on applique un vernis définitif mat |
Bytural Vinylique + alcool et essence pétrole |
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VERNIS DEFINITIF POUR TABLEAUX |
A appliquer en couche mince avec brosse « queue de morue » en croisant les couches. Il vaut mieux vernir 2 fois dilué plutôt qu’une couche épaisse. Le vernis définitif sert de protection contre les fumées, poussières, etc |
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VERNIS BRILLANTS |
CRISTAL AU MASTIC PUR |
Bonne siccativité mais à tendance à brunir. Très résistant. Conserve bien son brillant |
Résine mastic + essence de térébenthine |
DAMMAR SURFIN |
Très brillant. A utiliser pour des grandes surfaces grâce à son séchage lent. Peut aussi être employé sur du bois |
Résine Dammar + essence de térébenthine |
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SURFIN |
Reste souple. Absence de coloration. Grande résistance au bleuissement et à l’humidité |
Résine acrylique + essence de pétrole |
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FORMULE AEROSOL |
Peut être utilisé pour huile et acrylique après 6 mois de séchage. Vaporisez 2 ou 3 couches légères à 2 heures d’intervalle |
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J.G. VIBERT |
A utiliser seul. Grâce à sa fluidité, se travaille facilement, donc intéressant pour les grandes surfaces. Conserve souplesse et brillant sans se voiler |
Résine cétonique + acrylique + ess. pétrole |
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à TABLEAU |
Vernis à séchage rapide, d’un brillant élevé. Disparition rapide du poisseux |
Résine cétonique + essence de pétrole |
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COPAL à TABLEAU |
Vernissage irréversible. Exécution destinée à séjourner dans locaux humides. Proche des anciens vernis utilisés par les maîtres |
Copal + huile de lin + térébenthine |
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VERNIS MATS Technique du double vernissage : poser le vernis mat sur un brillant |
BLANC |
Transparence parfaite mais plus difficile à enlever que tout autre vernis. Jaunissement. Peut être dilué avec térébenthine |
Cire + résine Dammar + térébenthine |
SATINE |
Vernis intermédiaire entre brillant et satiné. Garde une transparence lustrée |
Résine acrylique et cétonique + silice + essence de pétrole |
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ACRYLIQUE MAT |
Très résistant et souple, garde une clarté permanente. Peut être mélangé en toute proportion aux vernis à retoucher pour obtenir un effet satiné |
Résine acrylique + silice + térébenthine |
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CERONIS |
Pâte incolore, sans brillant et non jaunissant. Ne se voile pas et ne bleuit pas. Après application, laissez sécher 24 à 48 heures, puis frottez avec une brosse douce |
Cire d’abeille |
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§ VERNIS à l’AMBRE de Blockx : « rolls » des vernis, utilisé tout au long de la progression. Ne nécessite pas de vernissage définitif. Très utile pour glacis. Son prix = exorbitant (200 € pour 5 cl) |